Peut-être
avez-vous croisé ces dernières semaines, un gars en bermuda, avec des crocs et un tee-shirt maculé de
terre. . . vous avez bien vu, c’était Fred Martin, artiste plasticien, nomade,
avec comme matériau de prédilection l’argile et une manière bien particulière
de s’en servir et de faire participer le public.
Fred Martin a passé quatre semaines dans
l’établissement (du 15 janvier au 9 février 2018).
-
Fred, nous en sommes à la troisième semaine de présence au sein de
l’établissement. Comment se passe cette micro résidence ?
Il y a une bonne
implication de la part des soignants et des patients dans le projet. Pour
beaucoup d’entre eux, l’atelier (situé Salle 2 du Centre Social) est devenu un
lieu de rendez-vous, un lieu identifié, atypique où il se passe quelque chose
de différent. C’est un lieu qui sort un peu des sentiers battus de la
psychiatrie, un lieu ouvert. Les patients viennent de leur propre initiative,
certains viennent tous les jours et vont même jusqu’à affirmer que « c’est
le meilleur moment de la journée ».
-
Le fait de plonger la tête dans l’argile peut être anxiogène, les
baptêmes de terre peuvent être impressionnants, comment réagissent les
participants ?
Il existe un
véritable engouement vis-à-vis de ces baptêmes d’argile. D’abord, les patients
viennent pour voir, parfois plusieurs fois avant de tenter l’expérience ;
ils attendent le bon moment pour franchir le pas. Nous sommes tous identiques
face à la terre avec les mêmes appréhensions, les mêmes craintes.
-
Quels sont les moments qui t’ont ému ?
Il y a eu énormément
d’émotions, émotions dans les relations entre les patients, entre les patients
et les soignants. . . Les gens sont dans la spontanéité et la simplicité, j’ai
énormément ri !
Moment
particulier, lorsqu’un patient est venu accompagné de sa
maman au sein de l’atelier afin de faire un masque ensemble ; ils ont
participé et partagé ce moment. La maman très émue, est venue me remercier.
Quelques paroles ….de patients….de soignants….
« c’est la première fois que j’aime bien
ma tête, c’est génial, je veux y retourner et en plus j’ai dépassé mes peurs,
seule, j’en suis fière mais je savais au fond qu’il n’y avait aucun danger ». Clara
« L’écho,
la résonance qu’a pu avoir la rencontre de la matière avec les ados me fait
dire que petits et grands nous sommes friands d’inventivité et de créativité et
remercions l’intervenant, Fred et les organisateurs ayant permis ces belles
rencontres et cette expérience unique, singulière en dépassant nos propres a
priori et projections pour être dans une approche plus phénoménologique comme
une invitation au plaisir de la découverte » Suzy – Infirmière
« Maintenant c’est à nous…John le
téméraire se lance avec insistance le premier sans aucune appréhension
« visible » mais comme nous, je pense qu’il « flippe » un
peu mais l’exemple du courage nous incite à en faire autant « c’est
cool » dira-t-il « je veux le refaire ». Place aux autres,
Baptiste, Léo, Lesli…tous pénètrent cette matière avec un courage qui me laisse
sans voix… Certains(es) restent à l’écart, observent, hésitent, je sens que ce n’est pas encore le
moment, la prochaine séance peut-être…Ce lieu est avant tout un espace de
liberté où on fait ou on ne fait pas, libre à chacun de vivre le moment comme
il le ressent. » Marie-Laure-
Infirmière
« c'est impressionnant »
« c'est bien »
« c'est génial, c'est trop
génial »
« ça fait film d'horreur ! »
« c'est bien fait »
« c'est surprenant »
« on redécouvre son visage »
« on a pas les mêmes sensations quand
on ne voit pas ce qu'on fait »
« on se découvre vraiment
soi-même »
« c'est super géant »
« j'y ai pris plaisir »
Patients de la
Clinique d’Addictologie
« Fred, tu as pu constater dans les échanges avec toi, le
calme, la timidité puis l’enthousiasme, la concentration, les rires et
sourires, le dépassement pour certains (au regards de leurs difficultés
habituelles).
Les qualificatifs émotionnels furent : « c’était génial...,
vraiment super..., on a pas l’habitude de faire ça..., on recommence quand ?,
c’était froid en fait... »
Bref le partage et les contacts étaient authentiques, et
« neufs » pour certains. Merci.
Après ton départ l’élan et les sourires ont perduré un moment,
jusqu’à pour certains se ré-approprier des perspectives, se projeter sur
l’extérieur pour partager ce qu’il venait de vivre avec d’autres….
Ce fut donc facile de mobiliser pour venir te voir au centre
social, et de partager ces baptêmes de terres avec sourires, plaisir,
étonnement, et courage.
« Je n’aurais jamais cru pouvoir faire ça ! »,
« c’était trop bien !», « ah je ne pourrai jamais ... »,
«c’est étrange»...
Bref nombres d’émotions et d’interactions, du lien riche,
décloisonnant, un partage valorisant pour certains, déconcertant pour d’autres… »
Robin-Infirmier
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